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HISTOIRE DE MES BÊTES.

gourmandise ; suivant, encore mal éveillé, les yeux à moitié ouverts et d’un pas chancelant, les misérables singes, véritables instigateurs du crime. Il prit l’accusé dans ses bras, montra ses pattes, fit valoir leur conformation, en appela aux anatomistes, les adjurant de dire si, avec de pareilles pattes, un animal pouvait ouvrir une volière fermée au verrou ; enfin, il emprunta à Michel lui-même son fameux Dictionnaire d’histoire naturelle ; il l’ouvrit à l’article Chat, chat domestique, chat tigré ; il prouva que Mysouff, pour n’être pas tigré, n’en était que plus intéressant, puisque la nature l’avait doué d’une robe blanche, symbole de son caractère ; puis, enfin, il frappa avec véhémence sur le livre.

— Chat ! s’écria-t-il, chat !… vous allez voir ce que l’illustre Buffon, l’homme aux manchettes de dentelles, écrivait sur les genoux de la Nature, à propos du chat :

« Le chat, dit M. de Buffon, n’est qu’un domestique infidèle, qu’on ne garde que par nécessité pour l’opposer à d’autres ennemis domestiques encore plus incommodes et qu’on ne peut chasser… ; or, quoique le chat, continue M. de Buffon ait, surtout quand il est jeune, de la gentillesse, il a en même temps une malice innée, un caractère faux, un naturel pervers, que l’âge augmente encore et que l’éducation ne fait que masquer. »

— Eh bien, s’écria l’orateur après avoir lu cette physiologie de son client, que me reste-t-il à dire maintenant ?… Mysouff, le pauvre Mysouff, s’est-il présenté ici avec un faux certificat signé Lacépède ou Geoffroy Saint-Hilaire, pour faire contrepoids à l’article de M. de Buffon ? — Non. — C’est la cuisinière elle-même qui l’a été chercher chez M. Acoyer, qui l’a poursuivi jusque dans un tas de fagots, où il s’était réfugié ; qui a dit, sub-