Le maître d’hôtel demanda huit jours.
Le dîner fut remis à huit jours.
À la droite et à la gauche de la tahle du vicomte devaient dîner les juges du camp.
Le vicomte avait deux heures pour dîner, de sept à neuf.
Il pouvait, à son choix, parler ou ne point parler.
À l’heure fixée, le vicomte entra, salua les juges du camp et se mit à table.
La carte était un mystère pour les adversaires. Ils devaient avoir le plaisir de la surprise.
Le vicomte s’assit. On lui apporta douze douzaines d’huîtres d’Ostende, avec une demi-bouteille de johannisberg.
Le vicomte était en appétit : il redemanda douze autres douzaines d’huîtres d’Ostende, et une autre demi-bouteille du même cru.
Puis vint un potage aux nids d’hirondelles, que le vicomte versa dans un bol et but comme un bouillon.
— Ma foi, messieurs, dit-il, je me sens en train aujourd’hui, et j’ai bien envie de me passer une fantaisie.
— Faites, pardieu ! vous êtes bien le maître.
— J’adore les biftecks aux pommes. — Garçon, un bifteck aux pommes.
Le garçon, étonné, regarda le vicomte.
— Eh bien, dit-il, vous ne comprenez pas ?
— Si fait ; mais je croyais que M. le vicomte avait fait sa carte.
— C’est vrai ; mais c’est un extra, je le payerai à part.
Les juges du camp se regardaient. On apporta le bifteck aux