Page:Dumas, Marie - Histoire de mes bêtes, 1878.djvu/178

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
170
HISTOIRE DE MES BÊTES.

Le maître d’hôtel demanda huit jours.

Le dîner fut remis à huit jours.

À la droite et à la gauche de la tahle du vicomte devaient dîner les juges du camp.

Le vicomte avait deux heures pour dîner, de sept à neuf.

Il pouvait, à son choix, parler ou ne point parler.

À l’heure fixée, le vicomte entra, salua les juges du camp et se mit à table.

La carte était un mystère pour les adversaires. Ils devaient avoir le plaisir de la surprise.

Le vicomte s’assit. On lui apporta douze douzaines d’huîtres d’Ostende, avec une demi-bouteille de johannisberg.

Le vicomte était en appétit : il redemanda douze autres douzaines d’huîtres d’Ostende, et une autre demi-bouteille du même cru.

Puis vint un potage aux nids d’hirondelles, que le vicomte versa dans un bol et but comme un bouillon.

— Ma foi, messieurs, dit-il, je me sens en train aujourd’hui, et j’ai bien envie de me passer une fantaisie.

— Faites, pardieu ! vous êtes bien le maître.

— J’adore les biftecks aux pommes. — Garçon, un bifteck aux pommes.

Le garçon, étonné, regarda le vicomte.

— Eh bien, dit-il, vous ne comprenez pas ?

— Si fait ; mais je croyais que M. le vicomte avait fait sa carte.

— C’est vrai ; mais c’est un extra, je le payerai à part.

Les juges du camp se regardaient. On apporta le bifteck aux