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HISTOIRE DE MES BÊTES.

gourmet, un élève de Montrond ou de Courchamp, — eh bien, je dis qu’un gourmet, un élève de Montrond ou de Courchamp, peut manger un dîner de cinq cents francs.

— Vous, par exemple ?

— Moi, par exemple.

— Parieriez-vous ?

— Parfaitement.

— Je tiens les cinq cents francs, dit un des assistants.

— Et, moi, je les mange, dit le vicomte de V…

— Voyons, établissons bien le fait.

— C’est bien simple à établir… Je dîne au café de Paris, je fais ma carte comme je l’entends et je mange pour cinq cents francs à mon dîner.

— Sans rien laisser dans les plats ni sur l’assiette ?

— Pardon, je laisse les os.

— C’est trop juste.

— Et quand le pari aura-t-il lieu ?

— Demain, si vous voulez.

— Alors, vous ne déjeunerez pas ? demanda un des assistants.

— Je déjeunerai comme à mon ordinaire.

— Soit ; demain, à sept heures, au café de Paris.

Le même jour, le vicomte de V… alla dîner, comme d’habitude, au restaurant fashionable. Puis, après le dîner, pour ne pas être influencé par des tiraillements d’estomac, le vicomte se mit en devoir de dresser sa carte pour le lendemain.

On fit venir le maître d’hôtel. C’était en plein hiver ; le vicomte avait indiqué force fruits et primeurs ; la chasse était fermée, il voulait du gibier.