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HISTOIRE DE MES BÊTES.

J’entrai dans la serre et je refermai la porte derrière moi.

Voyant la porte fermée, le dernier des Laidmanoir n’essaya pas même de fuir, mais se prépara à la défense.

Il s’accula dans un angle pour avoir ses flancs et ses derrières en sûreté et commença par agiter ses mâchoires d’une façon menaçante.

Je me croyais assez versé dans les trois grands arts de l’escrime, de la boxe et de la savate pour qu’un duel avec un singe capucin ne m’effrayât pas beaucoup.

Je marchai donc droit au dernier des Laidmanoir, qui, au fur et à mesure que je m’approchais, redoublait de démonstrations hostiles.

Potich était accouru du fond du jardin et se dandinait pour voir, à travers les vitres de la serre, ce qui allait se passer entre moi et le dernier des Laidmanoir, encourageant celui-ci par de petites modulations de gosier tout à fait particulières : tandis qu’à moi, son maître, il me faisait d’horribles grimaces et me crachait, autant que la chose lui était possible, au visage à travers les vitres.

Dans ce moment, la guenon poussa des cris féroces. Michel était la cause de ces cris : il venait de mettre la main dessus.

Ces cris exaspérèrent le dernier des Laidmanoir.

Il se ramassa sur lui-même et se détendit comme une arbalète.

Par un mouvement instinctif, je parai quarte.

Ma main rencontra le corps du singe en pleines côtes et l’envoya dessiner sa silhouette contre la muraille.