Page:Dumas, Marie - Histoire de mes bêtes, 1878.djvu/158

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
150
HISTOIRE DE MES BÊTES.

— Tiens, dit Maquet, voilà cinq francs.

— Maintenant, dit Michel, frottez vos deux museaux l’un contre l’autre, et que tout soit dit.

L’Auvergnat se rapprocha de Giraud, les bras ouverts ; mais, au lieu de sauter dans les bras de son ex-propriétaire, le dernier des Laidmanoir se cramponna à la barbe de Giraud et poussa des cris de terreur en faisant la grimace à l’Auvergnat.

— Bon ! dit Alexandre, il ne manquait plus aux singes que d’être ingrats. Payez vite, Maquet, payez vite, il finirait par vous le vendre pour un homme.

Maquet donna les derniers cinq francs, et l’Auvergnat prit le chemin de la porte.

Au fur et à mesure que l’Auvergnat disparaissait, le dernier des Laidmanoir donnait des signes manifestes de satisfaction.

Lorsqu’il eut disparu tout à fait, le singe se livra à une danse qui était évidemment le cancan des singes.

— Mais regardez donc ! dit Giraud, regardez donc !

— Nous regardons, parbleu !

— Mais non : dans la cage, voyez donc mademoiselle Desgarcins.

Et, en effet, la guenon, qui ne s’était pas laissé imposer par le costume de bergère du nouveau venu, mademoiselle Desgarcins lui faisait, de l’intérieur de la cage, vis-à-vis de toutes ses forces.

— Ne retardons pas le bonheur de ces intéressants animaux, dit Maquet.

Et la chaîne fut détachée, et la porte fut ouverte, et le dernier des Laidmanoir fut introduit dans la cage.