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HISTOIRE DE MES BÊTES.

— Achetez donc ce charmant animal, dit Giraud.

— Achète donc ce malheureux singe, dit à son tour Alexandre.

— Écoutez donc ! écoutez donc ! vous êtes charmants, vous ! quarante francs, c’est une somme ! et un cochon dinde et deux souris blanches, ça ne se trouve pas sous le pas d’un cheval.

— Messieurs, dit Alexandre, il y a une chose que je prouverai un jour : c’est que mon père est l’être le plus avare qui existe au monde.

On se récria.

— Je le prouverai, dit Alexandre.

— C’est malheureux, dit Giraud, vois donc l’aimable bête !

Et il tenait entre ses bras le singe, qui l’embrassait à pincettes.

— Avec cela, dit Michel, qu’il ressemble comme deux gouttes d’eau à votre voisin, monsieur…

— Oh ! comme c’est vrai ! s’écria tout le monde.

— Bon ! reprit Giraud, et moi qui ai un portrait à faire de lui pour Versailles… Ma foi, tu devrais bien l’acheter, je le ferais poser pour la tête, et ça avancerait diablement ma besogne.

— Voyons, achetez-le, dirent les assistants.

— Eh bien, l’avarice de mon père est-elle prouvée ? s’écria Alexandre.

— Mon cher Dumas, dit Maquet, sans me ranger à l’avis de votre fils, voulez-vous me permettre de vous offrir le dernier des Laidmanoir ?

— Bravo, Maquet ! bravo, Maquet ! cria la société : donnez une leçon à ce pingre-là.