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HISTOIRE DE MES BÊTES.

— Mais, dit Alexis rougissant sous sa couche de noir, je croyais que je servais monsieur pour rien.

— Eh bien, tu te trompais, Alexis. C’était un moyen de te faire une caisse d’épargne ; si tu veux t’en aller à pied et acheter de la rente avec les quatre cent soixante-quinze francs que tu possèdes, tu as vingt-trois francs soixante-quinze centimes de revenu.

— Et monsieur va me donner quatre cent soixante-quinze francs ?

— Sans doute.

— Ça ne se peut pas.

— Comment ! cela ne se peut pas, Alexis ?

— Non, Monsieur ; car, enfin, puisque monsieur ne me devait rien, même quand je l’aurais bien servi, pour l’avoir mal servi, monsieur ne peut pas me devoir quatre cent soixante-quinze francs.

— C’est cependant comme cela, Alexis. Seulement, je te préviens que les lois belges sont très-sévères, et que, si tu refuses, je puis te forcer.

— Je ne voudrais pas faire un procès à monsieur, bien certainement ; je sais que monsieur ne les aime pas.

— Alors, fais des concessions, Alexis : prends tes quatre cent soixante-quinze francs.

— Je proposerai un arrangement à monsieur.

— Lequel ? Voyons, Alexis, je ne demande pas mieux que de nous arranger.

— Si monsieur me donne les quatre cent soixante-quinze francs d’un coup, je les dépenserai d’un coup.