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HISTOIRE DE MES BÊTES.

Là, j’avais tous les garçons de l’hôtel pour faire mon service.

Ce fut ce qui perdit Alexis.

Je connaissais Bruxelles et n’avais aucune curiosité pour la ville.

Je me mis donc au travail, à peine débarqué.

Mais Alexis ne connaissait pas la ville et désirait la connaître.

Il en résulta que, n’ayant rien à faire, il fit des études comparatives sur la langue française, la langue belge et la langue créole.

Au milieu de ces études, il me vint l’idée, au lieu de rester à l’hôtel, de louer et de meubler une petite maison.

Je louai et je meublai une petite maison.

Or, il arriva ceci, que, lorsque j’entrai dans la petite maison que je venais de louer. Alexis avait contracté un tel besoin de continuer ses études, qu’il sortait à huit heures du matin, rentrait à onze pour déjeuner, ressortait à midi, rentrait à six heures, ressortait à sept et venait enfin se coucher à minuit.

Si bien qu’un jour, je l’attendis à une de ses rentrées et lui dis :

— Alexis, je vais t’annoncer une nouvelle qui te fera plaisir : mon garçon, je viens d’engager un domestique pour nous servir. Seulement, ne l’emmène pas avec toi quand tu sors.

Alexis me regarda avec ses gros yeux, où il n’y avait pas un grain de méchanceté.

— Je vois bien, dit-il, que monsieur me renvoie.

— Remarque bien, Alexis, que je n’ai pas dit un mot de cela.

— Au fait, j’avoue une chose…