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HISTOIRE DE MES BÊTES.

quel de ces deux partis adopter, out pris celui d’ennuyer le lecteur tout le long du roman ou le spectateur tout le long du schauspiel.

Et cela leur réussit.

Tandis que, moi, j’ai failli être victime de mon procédé, qui consiste à amuser en commençant.

En effet, voyez mes premiers actes, voyez mes premiers volumes : le soin que j’ai toujours pris de les rendre aussi amusants que possible a souvent nui aux quatre autres, quand il s’agissait d’un acte ; aux quinze ou vingt autres, quand il s’agissait d’un volume.

Témoin le prologue de Caligula, qui a tué la tragédie : témoin le premier acte de Mademoiselle de Belle-Isle, qui a failli tuer la comédie.

Du moment que l’on s’est amusé au premier acte ou au premier volume, on veut toujours s’amuser.

Et c’est difficile, fort difficile, presque impossible, d’être toujours amusant.

Tandis qu’au contraire, quand, au premier volume ou au premier acte, on s’est ennuyé, on désire changer un peu.

Et alors le lecteur ou le spectateur vous sait un gré infini de tout ce que vous faites dans ce but.

Rien qu’avec le prologue de Caligula, il y avait de quoi faire le succès de cinq tragédies comme Clovis, comme Artaxerce, comme le Cid d’Andalousie, comme Pertinax et comme Julien dans les Gaules.

Seulement, il n’en fallait mettre qu’un peu à la fois, et surtout ne pas le mettre au commencement.