— Alors, Monsieur, vous me conseillez de rester soldat ?
— Non-seulement je te le conseille, mais je ne sais même pas comment tu pourrais faire autrement.
Alexis poussa un soupir double du premier.
— Je vois bien qu’il faut que je me résigne, dit Alexis.
— Je crois, en effet, mon garçon, que c’est ce que tu as de mieux à faire.
Et Alexis sortit, mais mal résigné.
Trois mois après, je reçus une lettre timbrée d’Ajaccio.
Je ne connaissais âme qui vive à Ajaccio. Qui donc pouvait m’écrire de la patrie de Napoléon ?
Le moyen de me répondre à moi-même sur cette question était d’ouvrir la lettre.
Je l’ouvris et courus à la fin de l’épître.
Elle était signée : « Alexis. »
Comment Alexis, que j’avais quitté à Paris ne sachant pas écrire, m’écrivait-il d’Ajaccio ?
C’est ce que la lettre allait probablement m’apprendre.
Je lus :
« Monsieur et ancien maître,
» J’emprunte la main du fourrier pour vous écrire ces lignes et pour vous dire que je suis dans un chien de pays où il n’y a rien à faire ; excepté les jeunes filles, qui sont jolies, mais auxquelles il n’y a pas moyen de parler, attendu que tout le monde est parent les uns des autres dans l’endroit et que, quand on n’épouse pas à la suite de la chose, on est assassiné.
» Cela s’appelle la vendetta.