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HISTOIRE DE MES BÊTES.

pas se servir d’un procédé, et que parfois, j’en ai peur, c’est le procédé qui se sert de vous.

Les hommes croient avoir les idées ; j’ai bien peur, moi, que ce ne soient, au contraire, les idées qui aient les hommes.

Il y a telle idée qui a usé deux ou trois générations, et qui, peut-être , avant de s’accomplir, en usera encore trois ou quatre.

En somme, que ce soit moi qui possède mon procédé ou que ce soit mon procédé qui me possède, le voici tel qu’il est :

Commencer par l’intérêt, au lieu de commencer par l’ennui ; commencer par l’action, au lieu de commencer par la préparation ; parler des personnages après les avoir fait paraître, au lieu de les faire paraître après avoir parlé d’eux.

Peut-être vous direz-vous, au premier abord :

— Je ne vois absolument rien de dangereux dans ce procédé-là.

Eh bien, vous vous trompez.

En lisant un livre, ou en regardant jouer un drame, une comédie, une tragédie, une pièce de théâtre, enfin, schauspiel, comme disent les Allemands, il faut toujours qu’on s’ennuie peu ou prou.

Il n’y a pas de feu sans fumée, il n’y a pas de soleil sans ombre.

L’ennui, c’est l’ombre ; l’ennui, c’est la fumée.

Or, l’expérience a prouvé que mieux valait s’ennuyer au commencement qu’à la fin.

Il y a plus : quelques-uns de mes confrères, ne sachant le-