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HISTOIRE DE MES BÊTES.

mon garçon, voici les trente francs de ton mois, — et ton certificat. Il va sans dire que j’ai menti, Alexis, et que le certificat est excellent.

— Merci, Monsieur.

Et Alexis disparut comme une muscade.

Quinze jours après, le successeur d’Alexis m’annonça un marin.

— Un marin ! qu’est-ce que cela ? Je ne connais personne dans la marine.

— Monsieur, c’est un marin nègre.

— Ah ! c’est Alexis !… Faites-le entrer, Joseph.

Alexis entra en costume de mousse, son chapeau de toile cirée à la main.

— C’est toi, mon garçon ! Cela te va très-bien, le costume de mousse.

— Oui, Monsieur.

— Eh bien, voilà tes vœux exaucés, tes souhaits réalisés, tes désirs accomplis ?

— Oui, Monsieur.

— Tu as l’honneur de servir la République.

— Oui, Monsieur.

— Oh, oh ! pourquoi me dis-tu cela d’un air si mélancolique ? La première condition d’un marin, c’est d’être joyeux.

— C’est que je ne suis marin que dans mes moments perdus, Monsieur.

— Comment cela ?

— Je ne sers la République qu’après avoir servi M. Allier.

— Tu sers M. Allier ?