— Tant mieux, alors ! Que vas-tu devenir ?
— Monsieur, je voudrais être marin.
— Ah ! comme cela tombe ! Tu peux te vanter d’être né sous une hère nébuleuse, toi. J’ai justement un de mes amis qui doit être quelque chose au ministère de la marine.
— Arago ?
— Peste ! comme tu y vas, mon drôle ! le ministre, tout bonnement ! il est vrai que c’est aussi un de mes amis ; mais ce n’est pas de lui qu’il s’agit : il s’agit d’Allier.
— Eh bien ?
— Eh bien, je vais te donner un mot pour Allier : Allier t’engagera ou te fera engager dans la marine.
Je pris un morceau de papier, et j’écrivis :
« Mon cher Allier, je t’envoie mon domestique, qui veut absolument devenir amiral ; je ne doute pas qu’avec ta protection il n’arrive à ce grade éminent. Mais, comme il faut commencer par le commencement, engage-le d’abord comme mousse.
— Tiens, dis-je à Alexis, voilà ton brevet.
Et je lui tendis la lettre.
— Monsieur a mis l’adresse ? demanda Alexis, qui parlait créole, mais qui n’écrivait ni ne lisait même pas le créole.
— J’ai mis le nom, Alexis ; quant à l’adresse, c’est à toi de la trouver.
— Comment monsieur veut-il que je la trouve ?