Page:Dumas, Marie - Histoire de mes bêtes, 1878.djvu/127

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
119
HISTOIRE DE MES BÊTES.

que chose de noir avec deux gros yeux blancs qui grouillait au fond du panier.

— Eh ! lui avais-je dit, qu’est-ce que c’est que cela ?

— N’aie pas peur, ça ne mord pas.

— Mais, enfin, qu’est-ce que c’est ?

— C’est un nègre.

— Tiens, un nègre !

Et j’avais plongé mes deux mains dans le panier, j’avais attrapé le nègre par les deux épaules, et je l’avais planté sur ses jambes.

Là, il me regardait avec un bon sourire étoile, outre ses deux yeux, de trente-deux dents blanches comme la neige.

— D’où diable cela vient-il ? demandais-je à Dorval.

— Des Antilles, mon cher : un de mes amis, qui en arrive, me l’a rapporté. Depuis un an. il est à la maison.

— Je ne l’ai jamais vu.

— Je crois bien, tu ne viens jamais. Pourquoi donc ne te voit-on plus ? Viens donc déjeuner ou dîner.

— Oh ! ma foi, non ; tu es entourée d’un tas de parasites qui te mangent toute vivante.

— Tu as bien raison ; seulement, cela ne durera plus longtemps. À cette heure, mon pauvre ami, ils en sont aux os.

— Pauvre créature du bon Dieu que tu fais, va !

— De sorte que je me suis dit, en regardant Alexis : « Va, mon garçon, je vais te conduire dans un endroit où tu ne seras peut-être pas payé plus régulièrement qu’ici, mais où tu mangeras tous les jours, au moins. »

— Mais que veux-tu que je fasse de ce gaillard-là ?