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HISTOIRE DE MES BÊTES.

jours tout droit jusqu’à la colonne de la Bastille. Là, tu prendras à droite ou à gauche, à ton choix, tu traverseras le pont d’Austerlitz, tu te trouveras en face d’une grille et tu demanderas le palais des singes de M. Thiers. Voilà quarante sous pour faire ton voyage.

— Chest que chai décha fu deux chinges dans une cache, insista l’Auvergnat, et que le fiche à Chan-Pierre m’avait dit qu’il avait fendu son chinge à monsiou Doumache. Alors, chai dit : « Si monsiou Doumache veut aussi mon chinge, che lui fendrai tout de même, et pas plus cher que le fiche à Chan-Pierre il lui a fendu le chien. »

— Mon cher ami, je te remercie de la préférence ; voilà un franc pour la préférence ; mais j’ai assez de deux quadrumanes. Si j’en avais davantage, il me faudrait un domestique rien que pour eux.

— Monsieur, dit Michel, il y a Soulouque qui ne veut rien faire : monsieur pourrait le mettre à la tête des singes ?

Ceci m’ouvrait de nouvelles perspectives à l’endroit de Soulouque.

Alexis, dit Soulouque, était un jeune nègre de treize à quatorze ans, du plus beau noir, et qui devait venir originairement du Sénégal ou du Congo

Il était à la maison depuis cinq ou six ans déjà.

Dorval, un jour qu’elle venait dîner avec moi, me l’avait apporté dans un grand panier.

— Tiens, avait-elle dit en découvrant le panier, voilà quelque chose que je te donne.

J’avais enlevé toute une jonchée de fleurs, et j’avais vu quel-