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HISTOIRE DE MES BÊTES.

Il est donc tout simple que je fasse mon éloge de mon vivant.

Maintenant, vous le savez, chers lecteurs, ou vous ne le savez pas, en fait d’art dramatique, tout est dans la préparation.

Faire connaître les personnages est un des moyens les plus sûrs de forcer le lecteur de s’intéresser à eux.

Forcer, le mot est dur, je le sais, mais il est technique ; il faut toujours forcer le lecteur de s’intéresser à quelqu’un ou à quelque chose.

Seulement, il y a plusieurs moyens d’arriver à ce résultat.

Vous rappelez-vous Walter Scott, envers qui nous commençons à être passablement ingrats ? — Après cela, peut-être notre ingratitude doit-elle être imputée à ses nouveaux traducteurs et non à nous.

Eh bien, Walter Scott avait un moyen à lui d’attirer l’intérêt sur ses personnages, moyen qui, pour être, à peu d’exceptions près, toujours le même, et pour paraître extraordinaire à la première vue, ne lui réussissait pas moins.

Ce moyen, c’était d’être ennuyeux, mortellement ennuyeux, souvent pendant un demi-volume, quelquefois pendant un volume.

Mais, pendant ce volume, il posait ses personnages ; mais, pendant ce volume, il faisait une si minutieuse description de leur physique, de leur moral et de leurs habitudes ; on savait si bien comment ils s’habillaient, comment ils marchaient, comment ils parlaient, que, lorsque, au commencement du se-