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HISTOIRE DE MES BÊTES.

— Je n’ai rien à dire contre cela, c’est la vérité du bon Dieu, mon ami. Et Soissons ? connaissez-vous Soissons ?

— Soissons, — Noviodunum, — si je connais Noviodunum, je le crois bien !

— Je vous en fais mon compliment : je connaissais Soissons, mais je ne connaissais pas Noviodunum.

— Mais c’est la même chose. — verjus vert. — C’est là qu’il y a la cathédrale de Saint-Médard-grand-Pissard. Vous savez, notre bourgeois, que, quand il pleut le jour de la Saint-Médard, il pleut quarante jours. Ça devrait être le patron des cochers de cabriolet. Si je connais Soissons !… bon, bon, bon, vous demandez si je connais Soissons, patrie de Louis d’Héricourt, de Collot d’Herbois, de Quinette ; où Clovis a vaincu Siagrius, où Charles Martel a battu Chilpéric, où le roi Robert est mort ; chef-lieu d’arrondissement ; six cantons : Braisne-sur-Vesle, Oulchy-le-Château, Soissons, Vailly-sur-Aisne, Vic-sur-Aisne, Villers-Cotterêts…

— Ah ! et Villers-Cotterêts, le connaissez-vous ? m’écriai-je, espérant le prendre sans vert à l’endroit de mon pays natal.

Villerii ad Cotiam retiæ. — Si je connais cela ! Villers-Cotterêts, ou Coste de Retz, gros bourg.

— Oh ! petite ville, réclamai-je.

— Gros bourg, je le répète.

Et, en effet, mon homme le répétait avec tant d’assurance, que je vis que je ne gagnerais rien à essayer de lutter contre lui. D’ailleurs, j’avais la conscience que je pouvais bien avoir tort.

— Gros bourg, soit, repris-je.

— Oh ! il n’y a pas de soit, ça est. Si je connais Villers-Cotte-