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HISTOIRE DE MES BÊTES.

était-il plus agréable que je fusse de ce département-là que d’un des quatre-vingt-cinq autres ?

C’étaient là des questions que je lui eusse bien certainement faites si j’avais été seul avec lui ; mais, tout préoccupé de ce que me disait mon voisin, je laissai ma curiosité partir au galop, et, comme notre cheval ne marchait que le pas, elle prit une telle avance sur nous, que je ne la rejoignis point.

Huit jours après, je repris un cabriolet à la même station.

— Ah ! ah ! fit le cocher, c’est monsieur qui est du département de l’Aisne.

— Justement ! et c’est vous qui m’avez conduit il y a huit jours ?

— En personne. Où faut-il vous mener aujourd’hui, notre bourgeois ?

— À l’Observatoire.

— Chut ! Monsieur, ne parlez pas si haut.

— Pourquoi cela ?

— Si mon cheval vous entendait !… Hue ! Bijou ! Ah ! Monsieur, en voilà un qui, s’il a jamais dix milles livres de rente, n’achètera pas de cabriolet !

Je regardai l’homme.

— Pourquoi m’avez-vous demandé si j’étais du département de l’Aisne ?

— Parce que, si monsieur avait été seul et en train de causer, nous aurions causé du département de l’Aisne.

— Vous le connaissez donc ?

— Ah ! je crois bien ! un fier département ! Le département du général Foy, de M. Méchin, de M. Lherbette et de