Page:Dumas, Marie - Histoire de mes bêtes, 1878.djvu/10

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
2
HISTOIRE DE MES BÊTES.

Je reconnais bien, dans cette réponse, l’orgueil humain !

Je crois que Dieu s’est occupé, à l’égal de l’homme, de tout animal auquel il a donné la vie, depuis le ciron jusqu’à l’éléphant, depuis l’oiseau-mouche jusqu’à l’aigle.

D’ailleurs, je fais une concession à votre orgueil, cher lecteur, et je dis :

Peut-être Dieu a-t-il accordé une tentation particulière au chien, qui est l’animal dont l’instinct se rapproche le plus de l’intelligence de l’homme.

Peut-être même oserions-nous hasarder cette théorie, que certains chiens ont plus d’instinct que certains hommes n’ont d’intelligence.

Rappelez-vous le mot charmant de Michelet :

« Les chiens sont des candidats à l’humanité. »

Et, si ce fait était contesté, nous en donnerions cette preuve, que les chiens deviennent enragés, et mordent.

Ce point arrêté, abordons notre sujet.

J’ai un chien, et j’avais des poules.

Voyez ce que c’est que d’être auteur dramatique, et avec quel art un auteur dramatique entre en matière ! « J’ai un chien, et j’avais des poules ! » cette seule phrase, ces sept mots, vous disent toute une catastrophe ; de plus, la situation actuelle.

J’ai un chien, je l’ai toujours ; par conséquent, mon chien vit. J’avais des poules, je ne les ai plus ; par conséquent, mes poules sont mortes.

Vous voyez que, pour peu que vous ayez l’esprit de corrélation, quand même je ne vous l’aurais pas dit, un peu prématu-