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ASCANIO.

dinal de Ferrare ; et pour la même peine, je vous en donnerai autant.

La jeune fille hésita un instant, car elle crut que l’étranger voulait rire. Mais l’écu d’or était là pour attester qu’il parlait sérieusement ; aussi, après un court instant de réflexion :

— À quelle heure ? demanda Catherine.

— À dix heures du matin ; est-ce votre heure ?

— Parfaitement.

— Je puis donc compter sur vous ?

— J’irai.

Benvenuto salua comme il eût salué une duchesse, et rentra chez lui le cœur plein de joie. À peine rentré, il brûla toutes ses esquisses idéales et se mit à en tracer une pleine de réalité. Puis, cette esquisse tracée, il apporta un morceau de cire qu’il posa sur un piédestal et qui en un instant prit sous sa main puissante la forme de la nymphe qu’il avait rêvée : si bien que lorsque le lendemain Catherine se présenta à la porte de l’atelier, une partie de la besogne était déjà faite.

Comme nous l’avons dit, Catherine n’avait aucunement compris les intentions de Benvenuto. Elle fut donc étonnée lorsque, après qu’il eut refermé la porte derrière elle, Benvenuto, en lui montrant sa statue commencée, lui expliqua pourquoi il l’avait fait venir.

Catherine était une joyeuse fille : elle se mit à rire à gorge déployée de sa méprise, puis, toute fière de poser pour une déesse destinée à un roi, elle dépouilla ses vêtemens et se mit d’elle-même dans la pose indiquée par la statue, et cela avec tant de grâce et de justesse que le