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ASCANIO.

dant ces longues haltes essayait de tuer le temps en crayonnant des esquisses de sa nymphe de Fontainebleau.

Enfin il arriva à Paris. Sa première visite fut pour le Primatice, chargé de continuer à Fontainebleau l’œuvre de Léonard de Vinci et de maître Rosso. Le Primatice, qui habitait Paris depuis longtemps, devait du premier coup le mettre sur la voie de ce qu’il cherchait, et lui dire où il trouverait des modèles.

Un mot, en passant, sur le Primatice.

Il signor Francesco Primaticcio, que du lieu de sa naissance on nommait alors le Bologna, et que nous nommons, nous, le Primatice, élève de Jules Romain, sous lequel il avait étudié six ans, habitait depuis huit ans la France, où, sur l’avis du marquis de Mantoue, son grand embaucheur d’artistes, François Ier l’avait appelé. C’était un homme, comme on peut le voir à Fontainebleau, d’une prodigieuse fécondité, d’une manière large et grandiose, d’une irréprochable pureté de lignes. On a longtemps méconnu le Primatice, tête encyclopédique, vaste intelligence, talent illimité qui embrassa tous les genres de la haute peinture, et que notre époque a vengé de trois siècles d’injustice. En effet, sous l’inspiration religieuse, il peignit les tableaux de la chapelle de Beauregard ; dans les sujets de morale, il personnifia à l’hôtel Montmorency les principales vertus chrétiennes ; enfin l’immensité de Fontainebleau fut remplie de ses œuvres : à la Porte dorée et dans la Salle de bal il traita les sujets les plus gracieux de la mythologie et de l’allégorie ; dans la Galerie d’Ulysse et dans la Chambre de Saint-Louis il fut poêle épique avec Homère, et traduisit en peinture l’Odyssée et toute une partie de l’Illiade. Puis des âges fabuleux il passa aux temps héroïques, et l’histoire