Page:Dumas, Ascanio, 1860.djvu/57

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
49
ASCANIO.

— Monsieur, lui dit-il, j’ai essayé vos ailes, elles ne vont pas.

— Comment les avez-vous essayées ? Maître Georgio lui raconta dans tous ses détails sa triple expérience. Le mécanicien l’écouta gravement, puis, le discours fini :

— Cela ne m’étonne pas, dit-il. Couché à terre, vous ne pouvez prendre une somme suffisante d’air : il vous faudrait monter sur le château Saint-Ange et de là vous laisser aller hardiment dans l’espace.

— Et vous croyez qu’alors je volerais ?

— J’en suis sûr, dit le mécanicien.

— Mais si vous en êtes si sûr, continua le gouverneur, est-ce qu’il ne vous serait pas égal d’en faire l’expérience ?

— Les ailes sont taillées au poids de votre corps et non au poids du mien, répondit le mécanicien. Il faudrait à des ailes qui me seraient destinées un pied et demi d’envergure de plus.

Et le mécanicien salua et sortit.

— Diable ! fit maître Georgio.

Toute la journée on put remarquer dans l’esprit de maître Georgio différentes aberrations qui indiquaient que sa raison, comme celle de Roland, voyageait de plus en plus dans les espaces imaginaires.

Le soir, au moment de se coucher, il appela tous les domestiques, tous les geôliers, tous les soldats.

— Messieurs, dit-il, si vous apprenez que Benvenuto Cellini veut s’envoler, laissez-le partir et prévenez-moi seulement, car je saurai bien, même pendant la nuit, le rattraper sans peine, attendu que je suis une vraie chauve-sou-