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ASCANIO.

XVIII.

AMOUR RÊVE.

Dès qu’Ascanio fut hors de la présence de madame d’Étampes, la prestigieuse influence que répandait cette femme se dissipa, et il vit clair en lui et autour de lui. Or, il se souvenait de deux choses qu’il avait dites. Colombe pouvait l’aimer puisque la duchesse d’Étampes l’aimait. Dès lors sa vie ne lui appartenait plus, son instinct l’avait bien servi en lui soufflant ces deux idées, mais en lui inspirant de les dire il l’avait trompé. Si l’âme honnête et droite du jeune homme avait pu se résoudre à la dissimulation, tout était sauvé, mais il avait mis sur ses gardes l’amère et formidable duchesse. Maintenant c’était une guerre d’autant plus terrible qu’elle ne menaçait que Colombe.

Toutefois cette scène ardente et périlleuse avec Anne servit Ascanio en quelque chose. Il en rapportait je ne sais quelle exaltation et quelle confiance. Sa pensée, enivrée du spectacle auquel elle avait assisté ainsi que de ses propres efforts, était en train d’activité et d’audace ; si bien qu’il résolut bravement de savoir à quoi s’en tenir sur ses espérances, et de pénétrer dans l’âme de Colombe, dût-il n’y