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ASCANIO.

— Tu as raison, Scozzone, il faut l’écouter et lui répondre.

— Comment cela ? Qu’est-ce que vous dites donc ?

— Je te dis de l’écouler quand il te parlera d’amour, et de ne pas le rebuter. Le reste est mon affaire.

— Mais…

— Mais, sois tranquille, j’ai mon idée.

— À la bonne heure. Cependant, j’espère bien que vous n’allez pas le punir tragiquement, ce pauvre diable, qui a l’air de confesser ses péchés quand il dit : Je vous aime. Jouez-lui un bon tour si vous voulez, mais pas avec votre épée surtout. Je demande grâce pour lui.

— Tu seras contente de la vengeance, Scozzone, car la vengeance tournera à ton profit.

— Comment cela ?

— Oui, elle accomplira un de tes plus ardens désirs.

— Que voulez-dire, Benvenuto ?

— C’est mon secret.

— Oh ! si vous saviez la drôle de mine qu’il fait quand il veut être tendre, reprit la folle enfant, incapable de demeurer triste pendant cinq minutes de suite. Ainsi, méchant, cela vous intéresse donc encore, que l’on fasse la cour ou non à votre rieuse ? Vous l’aimez donc toujours un peu, cette pauvre Scozzone ?

— Oui. Mais ne manque pas de m’obéir exactement à l’endroit de Pagolo, et de suivre à la lettre les instructions que je te donne.

— Oh ! n’ayez pas peur, allez, je sais jouer la comédie tout comme une autre. Il ne va pas tarder à me dire : Éh bien ! Catherine, êtes-vous toujours cruelle ? Je répondrai : Quoi ! encore, monsieur Pagolo ? Mais, là, vous comprenez,