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ASCANIO.

— Oh ! alors je me range à l’avis du maître : il a oublié qu’il n’avait pas soupe, décidément il est amoureux. Ruberta ! Ruberta ! vite, vite à souper à messire Ascanio.

La servante apporta d’excellens reliefs, sur lesquels se précipita notre jeune homme, lequel, après ses stations en plein air, avait bien le droit d’avoir faim.

Scozzone et le maître le regardaient en souriant, l’une avec une affection fraternelle, l’autre avec une tendresse de père. Quant au travailleur du coin, il avait levé la tête au moment où Ascanio était entré ; mais aussitôt que Scozzone avait replacé devant lui la lampe qu’elle avait prise pour aller ouvrir la porte, il avait de nouveau abaissé la tête sur son ouvrage.

— Je vous disais donc, maître, que c’était pour vous que j’avais couru toute la journée, reprit Ascanio, s’apercevant de l’attention maligne que lui accordaient le maître et Scozzone, et désirant mener la conversation sur un autre chapitre que celui de ses amours.

— Et comment as-tu couru pour moi toute la journée ? Voyons.

— Oui : n’avez-vous pas dit hier que le jour était mauvais ici et qu’il vous fallait un autre atelier ?

— Sans doute.

— Eh bien, je vous en ai trouvé un, moi !

— Entends-tu, Pagolo ? dit le maître en se retournant vers le travailleur.

— Plaît-il, maître ? fit celui-ci en relevant une seconde fois la tête.

— Allons, quitte donc un peu ton dessin, et viens écouter cela. Il a trouvé un atelier, entends-tu ?

— Pardon, maître, mais j’entendrai très bien d’ici ce que