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ASCANIO

possible sur la France et sur l’Espagne, ou plutôt sur François Ier et sur Charles-Quint, car au seizième siècle les rois c’étaient les nations.

À l’époque où nous sommes arrivés, par un jeu de cette bascule politique dont tous deux éprouvèrent si souvent les effets, la situation de François Ier était devenue meilleure et celle de Charles-Quint avait empiré. En effet, les choses avaient fort changé depuis le fameux traité de Cambrai, dont deux femmes, Marguerite d’Autriche, tante de Charles-Quint, et la duchesse d’Angoulême, mère de François Ier, avaient été les négociatrices. Ce traité, qui était le complément de celui de Madrid, portait que le roi d’Espagne abandonnerait la Bourgogne au roi de France, et que le roi de France renoncerait de son côté à l’hommage de la Flandre et de l’Artois. De plus, les deux jeunes princes qui servaient d’otage à leur père devaient lui être remis contre une somme de deux millions d’écus d’or. Enfin, la bonne reine Éléonore, sœur de Charles-Quint, promise d’abord au connétable en récompense de sa trahison, puis mariée à François Ier en gage de paix, devait revenir à la cour de France avec les deux enfans auxquels elle avait si tendrement servi de mère ; tout cela s’était accompli avec une loyauté égale de part et d’autre.

Mais comme on le comprend bien, la renonciation de François Ier au duché de Milan, exigée de lui pendant sa captivité, n’était qu’une renonciation momentanée. À peine libre, à peine réintégré dans sa puissance, à peine rentré dans sa force, il tourna de nouveau les yeux vers l’Italie. C’était dans le but de faire un appui à ses prétentions dans la cour de Rome qu’il avait marié son fils Henri, devenu