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ASCANIO.

ses roses. Notons en passant, que de la chambre située au-dessus de la fonderie dans le Grand-Nesle, on pouvait sans être vu ne pas perdre un seul mouvement de la jolie jardinière. Il y a ait encore, toujours suivant les divisions géographiques de dame Perrine, l’allée du Midi, terminée par un bosquet où Colombe aimait à aller lire ou broder pendant la chaleur du jour. À l’autre extrémité du jardin, l’allée du Soir, plantée d’une triple rangée de tilleuls qui y entretenaient une fraîcheur charmante, et choisie par Colombe pour ses promenades d’après souper.

C’était cette allée que la bonne dame Perrine avait jugée très propre à favoriser le rétablissement et à hâter la convalescence d’Ascanio blessé. Néanmoins elle s’était bien gardée d’instruire Colombe de ses intentions charitables. Celle-ci, trop docile aux ordres de son père, eût peut-être refusé de prêter les mains à la désobéissance de sa gouvernante. Et que penserait alors dame Ruperte de l’autorité et du crédit de sa voisine ? Non, puisqu’elle s’était avancée, peut-être un peu à la légère, il fallait aller jusqu’au bout. Et la bonne dame était vraiment bien excusable quand on pense qu’elle n’avait, depuis le matin jusqu’au soir que Colombe à qui elle pût adresser la parole ; encore le plus souvent Colombe, absorbée dans ses réflexions, ne lui répondait pas.

On comprend quels furent les transports d’Ascanio quand il apprit que son paradis lui était ouvert et de quelles bénédictions il combla Ruperte. Il voulut sur-le-champ profiter de son bonheur, et Ruperte eut toutes les peines du monde à lui persuader qu’il devait au moins attendre jusqu’au soir. Tout lui disait, d’ailleurs, de croire que Colombe avait autorisé l’offre de dame Perrine, et cette pensée