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ASCANIO.

prévisions, et jetant un regard rapide dans les jardins de l’hôtel :

— Personne, cria-t-il à son compagnon, personne !

— Alors, dit Jacques Aubry, en avant la danse de corde !

Et il s’avança à son tour sur le chemin étroit et tremblant, tandis qu’Ascanio assujettissant l’échelle, lui rendait le service qu’il en avait reçu. Or, comme il n’était ni moins adroit ni moins leste que son compagnon, en un instant il fut près de lui.

Tous deux sautèrent alors à califourchon sur la moraille et tirèrent l’échelle à eux, puis l’attachant avec l’extrémité de la corde, dont l’autre bout était solidement fixé au chêne, il la descendirent le long du mur, lui donnant le pied nécessaire pour qu’elle leur prêtât un sûr appui ; enfin, Ascanio, qui avait gagné le privilège de faire les expériences, prit la corde à deux mains et se laissa glisser jusque sur la première traverse de l’échelle : une seconde après il était à terre.

Jacques Aubry le suivit avec le même bonheur, et les deux amis se trouvèrent dans le jardin.

Une fois arrivés là, le mieux était d’agir vivement. Toutes ces manœuvres avaient demandé un certain temps, et Ascanio tremblait que son absence et celle de l’écolier n’eussent été préjudiciables aux affaires du maître ; tous deux tirant leurs épées coururent donc vers la porte qui donnait dans la première cour, où devait se tenir la garnison, en supposant qu’elle n’eût point changé de place. En arrivant à la porte, Ascanio colla son œil à la serrure et s’aperçut que la cour était vide.

— Benvenuto a réussi, s’écria-t-il. La garnison est sortie.