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ASCANIO.

parvint en un instant sur la terrasse ; cette terrasse dominait les murailles du Grand-Nesle, comme un clocher domine une ville, de sorte que les assiégés, tout à l’heure à l’abri derrière leurs remparts, se trouvèrent tout à coup à découvert.

Un coup d’arquebuse qui retentit, une balle qui siffla, un hoqueton qui tomba en heurtant, annoncèrent au prévôt que la face des choses allait, selon toute probabilité, changer pour lui.

En même temps, Hermann, comprenant qu’il allait avoir le champ libre, reprit sa poutre et recommença à ébranler de nouveau la porte, que les assiégés venaient au reste de raffermir pendant cette espèce de trêve.

Quant à la foule, comme elle avait compris, avec cet admirable instinct de conservation qu’elle possède, que la fusillade allait se mettre de la partie et que les spectateurs de la tragédie qui allait se passer pourraient bien attraper quelque sanglante éclaboussure, elle s’était, au coup d’arquebuse de Benvenuto, et au cri poussé par le soldat blessé, dispersée comme une volée de pigeons.

Un seul individu était resté.

Cet individu était notre ami Jacques Aubry le basochien, lequel, dans l’espoir de faire sa partie de paume, venait au rendez-vous que lui avait le dimanche précédent donné Ascanio.

Il n’eut besoin que de jeter un coup d’œil sur le champ de bataille, et vit à l’instant même de quoi il était question.

La détermination que devait prendre Jacques Aubry, avec le caractère que nous lui connaissons, n’était pas douteuse. Jouer à la paume ou à l’arquebuse, c’était tou-