Page:Dumas, Ascanio, 1860.djvu/153

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
145
ASCANIO.

que fût cette terrible défense, personne de blessé que Pagolo, qui, alourdi par sa double cuirasse, ne put se retirer aussi vivement que les autres et fut atteint au talon.

Quant à Hermann, il ne s’inquiéta pas plus de cette nuée de moellons qu’un chêne ne le fait de la grêle, et continua son chemin vers la porte, où s’étant mis en batterie, il commença à heurter de tels coups qu’il était évident que, si forte qu’elle fût, elle ne tiendrait pas longtemps à de pareilles secousses.

De son côté, Benvenuto et les siens se tenaient l’arquebuse au poing et prêts à faire feu sur quiconque paraîtrait sur la muraille ; mais personne ne paraissait. Le Grand-Nesle semblait être défendu par une garnison invisible. Benvenuto enrageait de ne pouvoir venir en aide à son brave Allemand. Tout à coup, il avisa la vieille tour de Nesle, qui, comme nous l’avons dit, était de l’autre côté du quai, et baignait solitairement ses pieds dans la Seine.

— Attends, Hermann, s’écria Cellini, attends, mon brave garçon, l’hôtel de Nesle est à nous, aussi vrai que je m’appelle Benvenuto Cellini de mon nom et que je suis orfèvre de mon état.

Puis, faisant signe à Ascanio et à deux de ses compagnons de le suivre, il courut vers la tour, tandis qu’Hermann, obéissant aux ordres de son maître, faisait quatre pas en arrière, et dressant sa poutre comme un suisse sa hallebarde, attendait hors de la portée des pierres l’effet de la promesse du général.

En effet, comme Benvenuto l’avait prévu, le prévôt avait négligé de faire garder la vieille tour : il s’en empara donc sans résistance, et montant les escaliers quatre à quatre il