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ASCANIO.

taque, il y aurait donc défense ; et comme la forteresse ne paraissait pas disposée à capituler, il était évident qu’on la prendrait d’assaut.

Or, c’était dans cet instant suprême que la chevalerie d’Ascanio devait trouver quelque occasion de se développer. Il y aurait combat, il y aurait brèche, il y aurait peut-être incendie. Oh ! c’était quelque chose de pareil qu’il lui fallait ! un incendie surtout ! un incendie qui mettait les jours de Colombe en danger ! Alors il se lançait à travers les escaliers tremblans, à travers les poutres brûlantes, à travers les murs enflammés. Il entendait sa voix appelant du secours ; il arrivait jusqu’à elle, l’enlevait mourante et presque évanouie dans ses bras, l’emportait à travers des abîmes de flammes, la pressant contre lui, sentant battre son cœur contre son cœur, respirant son haleine. Puis, à travers mille dangers, mille périls, il la déposait aux pieds de son père éperdu, qui alors en faisait la récompense de son courage et la donnait à celui qui l’avait sauvée. Ou bien, en fuyant sur quelque pont tremblant jeté au-dessus du feu, le pied lui glissait, et tous deux tombaient ensemble et mouraient embrassés, confondant leurs cœurs dans leur suprême soupir, dans un premier et dernier baiser. Et ce pis-aller n’était point encore à dédaigner pour un homme qui n’avait pas plus d’espoir que Ascanio ; car, après la félicité de vivre l’un pour l’autre, le plus grand bonheur est de mourir ensemble.

Tous nos héros passaient donc, comme on le voit, des jours et des nuits fort agités, à l’exception de Benvenuto Cellini, qui paraissait avoir complètement oublié ses projets hostiles sur l’hôtel de Nesle, et de Scozzone, qui les ignorait.