— Un aventurier italien, un certain orfèvre que vous connaissez peut-être de nom, un intrigant qui s’appelle Benvenuto Cellini, qui arrive de Florence depuis deux mois, dont le roi s’est coiffé je ne sais pourquoi, et qu’il a été aujourd’hui visiter avec toute sa cour dans l’hôtel du cardinal de Ferrare, où ce prétendu artiste a établi sa boutique.
— Et vous étiez là, dites-vous, vicomte, quand le roi a fait donation du Grand-Nesle à ce misérable ?
— J’y étais, répondit de Marmagne en prononçant ces deux mots lettre à lettre et en les accentuant avec lenteur et volupté.
— Ah ! ah ! fit le prévôt, eh bien ! je l’attends, votre aventurier, qu’il vienne prendre le présent royal !
— Comment vous auriez l’intention de faire résistance ?
— Sans doute.
— À un ordre du roi ?
— À un ordre de Dieu, à un ordre du diable ; à tous les ordres enfin qui auront la prétention de me faire sortir d’ici.
— Prenez garde, prenez garde, prévôt, reprit le vicomte de Marmagne, outre la colère du roi à laquelle vous vous exposez, ce Benvenuto Cellini est par lui-même plus à craindre que vous ne pensez.
— Savez-vous qui je suis, vicomte ?
— D’abord, il a toute la faveur de Sa Majesté, — pour le moment c’est vrai, — mais il l’a.
— Savez-vous que moi, prévôt de Paris, je représente Sa Majesté au Châtelet, que j’y siège sous un dais, en habit court, en manteau à collet, l’épée au côté, le chapeau