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ASCANIO.

vous fasse pas un trop mauvais parti. Allons, au revoir, jeune homme, et dites à votre maître de prendre garde à lui. Prévenez-le que messire d’Estourville est dur en diable et fort puissant en cour. Ainsi donc, si votre maître voulait m’en croire, il renoncerait à se loger au Grand-Nesle, et surtout à le prendre de force. Quant à vous, nous vous reverrons, n’est-ce pas ? Mais surtout ne croyez pas Colombe : elle est du seul bien de défunte sa mère plus riche qu’il ne faut pour se passer des fantaisies vingt fois plus coûteuses que celles que vous lui offrez. Puis, écoutez-moi, apportez aussi quelques objets plus simples : elle pensera peut-être à me faire un petit présent. On n’est pas encore, Dieu merci ! d’âge à se refuser toute coquetterie. Vous entendez, n’est-ce pas ?

Et jugeant qu’il était nécessaire, pour être mieux comprise, d’ajouter le geste aux paroles, dame Perrine appuya sa main sur le bras du jeune homme. Ascanio tressaillit comme un homme qu’on réveille en sursaut. En effet, il lui semblait que tout cela était un rêve. Il ne comprenait pas qu’il fût chez Colombe, et il doutait que cette blanche apparition, dont la voix mélodieuse murmurait encore à son oreille, dont la forme légère venait de glisser devant ses yeux, lut bien réellement celle-là pour un regard de laquelle, la veille et le matin encore, il eût donné sa vie.

Aussi, plein de son bonheur présent et de son espoir à venir, promit-il à dame Perrine tout ce qu’elle voulut, sans même écouter ce qu’elle lui demandait. Que lui importait ! N’était-il pas prêta donner tout ce qu’il possédait pour revoir Colombe ?

Puis, songeant lui-même qu’une plus longue visite se-