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ASCANIO.

— Mais votre maître n’osera pas tenir tête à M. le prévôt, j’espère !

— Il a tenu tête à trois ducs et à deux papes.

— Jésus-Dieu ! à deux papes ! Ce n’est pas un hérétique, au moins ?

— Il est catholique comme vous et moi, dame Perrine ; rassurez-vous, et Satan n’est pas le moins du monde notre allié ; mais à défaut du diable, nous avons pour nous le roi.

— Ah ! Oui, mais M. le prévôt a mieux que cela encore, lui.

— Et qu’a-t-il donc ?

— Il a madame d’Étampes.

— Alors, partie égale, dit Ascanio.

— Et si messire d’Estourville refuse ?

— Maître Benvenuto prendra.

— Et si messire Robert s’enferme comme dans une citadelle ?

— Maître Cellini en fera le siège.

— Messire le prévôt a vingt-quatre sergens d’armes, songez-y.

— Maître Benvenuto Cellini a dix apprentis : partie égale toujours, comme vous voyez, dame Perrine.

— Mais, personnellement, messire d’Estourville est un rude jouteur ; au tournoi qui a eu lieu lors du mariage de François Ier, il a été un des tenans, et tous ceux qui ont osé se mesurer contre lui ont été portés à terre.

— Eh bien ! dame Perrine, c’est justement l’homme que cherchait Benvenuto, lequel n’a jamais trouvé son maître en fait d’armes, et qui, comme messire d’Estourville, a porté tous ses adversaires à terre, avec cette différence cependant que quinze jours après, ceux qu’avait combattus