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il désigne à Ephèse le moment où Domitien est tué à Rome ; il ressuscite lui-même, non aux yeux de quelques disciples, mais en présence de toute l’armée ; il se montre à l’empereur Aurélien, et le force à lever le siège de Thianes. Maxime, Méragène et Damis, trois disciples, recueillent les preuves de ces prodiges, dont ils ont été témoins oculaires ; et Philostrale, par ordre de l’empereur, en fait l’histoire. Les miracles de Jésus-Christ sont-ils plus éclatans ? sont-ils revêtus de témoignages plus authentiques ? Cependant nous voulons admettre les uns et rejeter les autres. Nous traitons de prestiges et de superstitions les miracles des autres nations et des autres religions, et nous voulons que l’on croye véritables ceux de la nôtre ! N’est-il pas plus raisonnable et plus sûr de rejeter également les uns et les autres, puisque, sans aller fouiller dans l’antiquité la plus reculée, nous voyons tous les jours les exemples les plus humilians de la crédulité des hommes ? Combien trouvons-nous de gens, de la probité et de la bonne foi desquels on feroit scrupule de douter, qui nous attestent tous les jours des guérisons miraculeuses dont ils se persuadent avoir été les témoins ? Faisons l’application de ce que nous voyons aujourd’hui à ce qui est vraisemblablement arrivé dans toutes les religions, dans tous les pays, et dans tous les siècles ; et concluons que les martyrs et les miracles ne fournissent aucune preuve en faveur d’une religion.

Qu’a donc la religion chrétienne de plus que les autres, pour mériter qu’un homme raisonnable et dépouillé des préjugés de la naissance,