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par la copie qu’Esdras en a faite de mémoire, sera-t-il raisonnable de croire ces prodiges sur de pareils témoignages ? On sent assez que la même chose se peut dire de tous les miracles de l’ancien Testament.

Sommes-nous donc mieux fondés à croire ceux du nouveau Testament ? Des hommes ignorans, dont on connoît à peine les noms, sans qu’on sache même le temps auquel ils ont écrit, nous ont laissé la vie de Jésus. C’est sur leur parole que nous devons croire les prodiges qu’ils nous racontent ; le soleil obscurci miraculeusement, les sépulchres ouverts, les morts ressuscités, un astre brillant prenant dans le ciel une route nouvelle ; tous ces événemens arrivent dans le siècle le plus éclairé, le plus fécond en historiens, aucun, n’en dit un mot. Cependant, il les faut croire sur la foi de trois ou quatre juifs ignoré, qui en parlent très-diversement, et dont quelques-uns prétendent avoir été disciples de l’auteur de ces miracles.

Croyons donc aveuglément tous les miracles du paganisme ; ils ont un fondement plus réel ; les historiens nous les attestent, ils nous rapportent des miracles que l’événement a justifiés. Tite-Live et Valere Maxime nous racontent cent prodiges opérés à la vue de tout un peuple, pourquoi les révoquerions-nous en doute ? Vespasien guérit un aveugle et un boiteux en présence de tout le peuple d’Alexandrie. Apollonius de Thianes fait aux yeux des Romains, plus de miracles que Jésus-Christ. Il guérit les malades, il ressuscite les morts ; il remplit la Grèce, l’Italie, l’Egypte, la Judée de son nom ;