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vient que le nombre des martyrs étoit beaucoup moindre qu’on le croyoit. Les anciens pères grecs parlent de la même manière ; et ce n’est que dans des temps d’obscurité et d’ignorance que des moines oisifs ont fabriqué des martyrologes ridicules, dont les savans découvrent tous les jours la fausseté et la supposition. J’accorde cependant qu’il y a eu beaucoup de martyrs ; que doit-on en conclure ? Quelle est la religion qui n’a pas eu ses martyrs ? Qu’on lise les histoires, et l’on verra que chaque siècle en fournit mille exemples. Jusqu’où l’extravagance des hommes ne s’est-elle pas portée ? On a vu, presque de nos jours, des martyrs de l’athéisme, professer jusqu’au dernier soupir une doctrine qui leur ôtoit toute espérance d’une récompense en l’autre vie. Dira-t-on après cela que les martyrs prouvent quelque chose en matière de religion ?

Pour dernière ressource on m’objectera les miracles ; mais voyons quelle preuve on en peut tirer en faveur de la religion chrétienne. Premièrement, de quelle autorité sont-ils revêtus ? Esdras nous atteste la vérité de ceux de l’ancien Testament, puisqu’il nous assure que c’est Dieu lui-même qui lui a dicté les livres saints, tels qu’il nous les a transmis. Peut-on dire que ce témoignage soit suffisant ? Supposons néanmoins que ce prêtre de la loi ait su par cœur les livres saints, et que sa mémoire lui ait été fidèle ; enfin que tous ces livres soient des auteurs dont ils portent le nom, quoique le contraire ait été démontré plus haut, que peut-on en conclure ? C’est Moïse lui-même qui nous raconte les miracles qu’il a fait ; dois-je le