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prit le moins difficile. Ce qu’on peut dire de plus vrai du passage qui contient cette prophétie, c’est qu’il a été visiblement ajouté au texte de Daniel, pour faire accroire aux Juifs que Jonathas étoit le Messie ou l’envoyé de Dieu, ou un conducteur qui devoit les faire triompher de tous leurs ennemis ; il n’y a qu’à lire ce qui précède et ce qui suit immédiatement cette prétendue prédiction, pour voir clairement qu’elle a été ajoutée ; et pour peu qu’on veuille examiner avec attention et bonne foi, la chronologie de ces temps, on trouvera que les soixante-dix semaines finissent précisément au temps de Jonathas Machabée, c’est-à-dire, environ cent trente ans avant Jésus-Christ.

Si l’on consulte sur ce point Abadie, ce zélé hérétique, on verra qu’il réduit toutes ces différentes opinions à sept seulement, qui roulent sur le temps auquel devoient commencer les soixante-dix semaines ; et il dit[1] que la providence l’a permis ainsi, afin que notre foi ne dépendît pas d’une supputation de chronologie. Veut-on de nouvelles preuves que cette prophétie n’a aucun rapport à Jésus-Christ, et que l’application qu’on en a faite est nouvelle ? C’est qu’aucun évangéliste n’a imaginé de s’en servir, quoiqu’ils connussent parfaitement Daniel, qu’ils ont cité. S. Mathieu, qui a été chercher les applications les plus détournées, n’a eu garde de parler de cette prophétie de Daniel, parce qu’il étoit trop manifeste

  1. p. 48.