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fois sans chef, sans roi pendant leurs divorses captivités, et Hérode, qui étoit leur roi lors de la naissance de Jésus, n’étoit pas de leur nation, mais Iduméen[1].

Une des plus fameuses ensuite, est celle d’Isaïe, qu’on oppose à chaque instant aux incrédules ; la voici : Une[2] vierge concevra et enfantera un fils qui sera nommé Emmanuel. On y voit clairement la naissance miraculeuse de Jésus. S. Mathieu[3] n’hésite pas à la citer comme une prédiction formelle qui regarde Jésus-Christ. On va être bien surpris, lorsqu’on ira chercher ce passage dans Isaïe, et qu’on y trouvera toute autre chose. Voici de quoi il s’agit : le prophète assure Achaz qu’il n’a rien à craindre des desseins des rois d’Israël et de Syrie, et lui dit, pour signe de la vérité de sa prédiction, que le seigneur lui est apparu, et lui a dit[4] que sa femme concevroit et enfanteroit un fils, qui seroit nommé Emmanuel, et qu’avant que cet enfant fût en âge de discerner le bien d’avec le mal, le pays d’Achaz seroit délivré des rois d’Israël et de Syrie. On voit combien ce passage a peu de rapport avec la naissance de Jésus-Christ. Plus d’un critique, et l’abbé Houteville lui-même, ont mieux aimé passer cette prophétie sous silence, que d’en faire mention, sentant que c’étoit abuser trop grossièrement de la crédulité des hommes.

  1. Josephe.
  2. Chap. 7. v. 14.
  3. Chap. 1. v. 25.
  4. Isaïe, chap. 9. v. 14.