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geoient des excuses au cas qu’ils se trompassent ; Ezéchiel dit : S’il advient que les prophètes soient séduits, c’est moi l’éternel, qui l’aurai séduit. Peut-il y avoir une preuve plus positive de la méfiance où ils étoient eux-mêmes, de ce qu’ils osoient avancer ; mais venons aux prophéties, qui désignent, à ce qu’on prétend, d’une manière si précise et si claire, le temps et les circonstances de la naissance et de la mort de Jésus-Christ.

La première, et qui passe pour une des plus authentiques, est celle de Jacob, qui dit[1] que le sceptre ne sortira pas de Juda que le messie ne soit venu. Il ne faut, pour faire sentir la foiblesse de cette prophétie, que rapporter quelques-unes des différentes manières dont on a traduit ce passage. Les uns expliquent que l’autorité sera pour jamais dans Juda , lorsque le messie sera venu[2] ; d’autres, que le peuple sera dans l’affliction jusqu’à ce que l’envoyé du seigneur vienne la terminer ; d’autres, jusqu’à ce que la ville de Silho soit détruite ; d’autres, l’autorité ne sera plus dans Juda, ou lorsque l’arche ne sera plus dans Juda ; d’autres, jusqu’à ce que l’envoyé reçoive dans Silho la puissance souveraine. On voit par la diversité de ces traductions, combien il y a d’obscurité dans le texte : mais prenons-le dans le sens le plus favorable : cette prédiction, toute vague qu’elle est, se trouve visiblement fausse ; car les Juifs se sont trouvés plusieurs

  1. Genèse, ch. 40. v. 10.
  2. Houteville, p. 64.