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avec son fils ; que ce fils y apprit l’art fort connu des Egyptiens, de faire des prestiges qui en imposoient au peuple, et qui passèrent facilement pour des miracles parmi les Juifs, dont le caractère dominant étoit la crédulité et la superstition. Il faut avouer qu’il paroît y avoir bien du naturel dans ce trait historique, qu’Origène n’a pas pu nous cacher, parce que c’étoit un reproche que de son temps on faisoit communément aux chrétiens.

Enfin donc, de quelque manière que ce soit, le fils de Dieu, co-éternel à son père, se fait homme ; il meurt du dernier supplice, pour satisfaire à la vengeance que son père vouloit exercer sur le genre humain. Quel effet produit le sang d’une victime si chère ? Voilà sans doute tous les hommes réconciliés pour toujours avec leur créateur. La damnation éternelle est révoquée ? Nullement ; le péché d’Adam subsiste toujours, et continue d’être imputé à sa postérité : on[1] substitue seulement le baptême à la circoncision ; on change le culte établi et suivi jusqu’alors, et on forme un assemblage de dogmes les plus contraires à la raison ; on emprunte des payens[2] les principaux mystères ; ce n’est plus un Dieu seul ni invisible qu’il faut adorer. Trois personnes égales en puissance et en tous leurs attributs, composent la nouvelle divinité ; et c’est une de ces personnes qui s’est revêtue d’un corps

  1. C’est le sentiment de plusieurs théologiens, en particulier de St. Augustin.
  2. Platon.