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les livres de la loi, nous devons croire des histoires si peu vraisemblables ; et quoiqu’aucun auteur n’en parle, quoique la terre garde un profond silence, nous étoufferons toutes les lumières de notre raison pour nous soumettre à des fables aussi ridicules ! C’est en vérité trop présumer de la crédulité et de l’imbécillité des hommes.

Suivons ce peuple ; nous le verrons à chaque instant renoncer à cette religion authentique, pour prendre les dieux de ses voisins ; il ira sacrifier sur les hauts lieux, il maltraitera les prophètes, il résistera à tous ces miracles, quelque frappans qu’on nous les dépeigne, aux prophéties qu’on nous assure être si positivement accomplies ; enfin il se plongera dans les plus horribles excès de débauches et dans toutes sortes de crimes.

Ces abominations ne suffisent cependant pas pour armer la colère de Dieu ; il se contente de damner éternellement tous ceux qui sont incirconcis, à cause qu’ils descendent d’Adam. Il fait périr par la peste[1] la plus grande partie des Israélites, parce que David en avoit fait faire le dénombrement, sans penser que cela pût déplaire à Dieu ; mais il se garde bien de punir un peuple rebelle, qui au mépris de sa bonté et de sa patience, ne cesse point de l’offenser ; bien loin de là, voici un de ces miracles sublimes qui sont au-dessus de la raison humaine. Ce dieu avoit de toute éternité un fils ; depuis quatre à cinq mille ans que le monde étoit créé, personne ne savoit que ce

  1. Rois, liv. 2. ch. 24.