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rouge[1] à pied sec, engloutit les ennemis[2] qui les poursuivoient, et les nourrit miraculeusement dans le désert, fait sortir l’eau des rochers[3] ; enfin chaque jour est marqué par un prodige nouveau, qui prouve invinciblement que Moïse n’opère que par l’ordre de Dieu. Les Juifs sont sans doute dans une admiration continuelle : ils adorent le dieu qui leur est annoncé par un homme dont la mission est autorisée par des miracles si frappans. Rien moins que cela, ils murmurent[4] continuellement contre lui ; ils se plaignent, ils regrettent leur esclavage, ils lui demandent des dieux[5] visibles et palpables ; ils fondent un veau d’or, et aussitôt que Moïse est éloigné d’eux pour quelques jours, ils se plongent dans la plus affreuse idolâtrie.

Tel est le caractère de ce peuple chéri de Dieu. Peut-on entendre de pareilles extravagances ? Et ne vient-il pas dans l’esprit de l’homme le moins soupçonneux, de demander si des faits aussi incroyables sont revêtus d’une autorité suffisante pour nous obliger à les croire aveuglément. Quoi ! sur la seule parole de l’auteur de ces prétendus miracles, que dis-je ? Sur celle d’Esdras[6] qui nous a transmis tous

  1. Exode, ch. 14. v. 22.
  2. Ibid., ch. 14. v. 22.
  3. Ibid., ch. 14. v. 24.
  4. Ibid., ch. 17. v. 5. 6.
  5. Ibid., ch. 15. v. 24. ch. 16. v. 23. et suiv. ch. 13. v. 3.
  6. Esdras, liv. 4. ch. 14. v. 21. et suiv.