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éternel n’est point encore assez ; tous ses descendans, sa postérité entière, tous les hommes qui naîtront dans la suite des siècles, en porteront la peine, et la vengeance d’un dieu si bon, si juste, si miséricordieux, veut qu’une damnation éternelle de tous ceux qui sont nés de lui, en soit la punition. Mais ne leur reste-t-il aucun moyen de se garantir d’un supplice aussi affreux et si peu mérité ? Non, jusqu’au temps de Noé, ils ne peuvent espérer aucune réconciliation. Que font-ils donc alors pour mériter cette réconciliation ? A quelle pénitence se sont-ils soumis pour fléchir un dieu irrité ? Ils se livrent aux plus grands excès, aux crimes les plus abominables ; enfin ils les portent au point que Dieu se repent[1] d’avoir fait l’homme, et qu’il se détermine à les faire tous périr par un déluge universel[2] : alors la vengeance de Dieu[3] est assouvie et contente. Il va faire une alliance éternelle[4] avec les hommes ; il pose dans les nuées pour toujours, l’arc[5] dont il se servoit contre eux, et donne à Noé, qu’il a sauvé du déluge avec sa famille, le moyen de contracter cette alliance. Ce moyen est aussi puéril, que le premier sujet de colère étoit léger ; il ne s’agit que de circoncire les enfans mâles ; cela efface tout d’un coup le crime[6] de leur premier père ; mais malheur

  1. Genèse, ch. 6. v. 5. 11. 12. et 13.
  2. Ibid., ch. 6. v. 6. 7.
  3. Ibid., ch. 6. v. 17. ch. 7. v. 10. et suiv.
  4. Ibid., ch. 8. v. 12.
  5. Ibid., ch. 9. v. 9 et suiv.
  6. C’est le sentiment de plusieurs théologiens et en particulier de St. Augustin.