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on veut nous faire croire que c’est un crime de résister. Si nous joignons à ces réflexions les preuves qui ont été rapportées plus haut du peu de confiance qu’on doit avoir aux écrits, tant de l’ancien que du nouveau Testament, nous verrons que ce superbe édifice n’est que l’ouvrage de quelques hommes fourbes et ignorans, qui, de même que les fondateurs de toutes les religions de la terre, ont abusé de la crédulité du peuple pour le plonger dans la plus honteuse superstition.

Loin de nous ce respect aveugle qui captivoit notre raison, qui étouffoit la vérité. Faisons un portrait de ces amas d’opinions bizarres, qualifiées du nom de religion catholique. Peignons le créateur de ce vaste univers qui fait sortir le premier homme du néant[1], pour le rendre éternellement malheureux. Il place cette créature[2], l’objet de son amour, dans un jardin délicieux, dont il lui permet l’usage[3], à l’exception d’un seul fruit. Sans doute, lui qui a formé le cœur de l’homme et ses pensées, n’a pas manqué de lui donner la force de résister à la tentation de goûter ce fruit ; au contraire, il lui en a donné un si violent désir, qu’il y succombe[4] malgré tous ses efforts ; mais du moins une peine légère suffira pour expier une faute si pardonnable ; point du tout, la mort ne suffit pas ; un châtiment

  1. Genèse, ch. 1. v. 26, 27. ch. 2. v. 7.
  2. Ibid., ch. 2. v. 8.
  3. Ibid., ch. 2. v. 16 et 17.
  4. Ibid., ch. 3. v. 6.