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altérations ? Il n’y a rien de moins sûr, si l’on s’en rapporte aux anciens auteurs. Celse reprochoit à Origène que les chrétiens varioient continuellement dans leurs écrits ; qu’ils changeoient le texte de l’évangile suivant leurs besoins ; qu’ils se servoient de cet artifice pour nier ce qu’on leur objectoit, et pour rétracter ce qu’ils avoient dit. Faustus le manichéen, leur fait aussi le même reproche. Que répond Origène à une accusation si positive ? Il dit qu’il est vrai que quelques disciples de Marcien, de Valentin et d’autres chrétiens, ont osé changer et refondre le texte de l’évangile, mais que cela n’est jamais arrivé aux véritables orthodoxes, c’est-à-dire, à ceux qui étoient de son opinion ; car le christianisme étoit dès lors partagé en une infinité de sectes, dont chacune se disoit seule orthodoxe, et qualifioit les autres d’hérétiques. S. Epiphane compte l’hérésie de Simon le magicien, pour la vingt-et-unième. Tertullien en rapporte vingt-sept différentes, de son temps : ce qui prouve le peu d’uniformité qui régnoit dans les premiers écrits des chrétiens. Mais ne nous appuyons pas du témoignage des ennemis du christianisme, pour prouver les changemens faits dans les écrits évangéliques. Ecoutons S. Jérôme lui-même, qui dit[1] que, de son temps, il y avoit autant de différens exemplaires de l’écriture sainte, qu’il y en avoit de copies, parce que chacun y ajoutoit ou retranchoit à sa fantaisie. Peut-on voir un té-

  1. Préface de Josué.