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les premiers, à cause du peu de fondement et de leur peu de conformités avec ceux qu’on a conservés comme les meilleurs, et qu’on a qualifiés de canoniques. Une autre raison contribue encore à faire rejeter ces écrits par les gens sensés ; c’est qu’ils contiennent une infinité de prodiges ridicules et puérils. L’évangile de l’enfance par exemple, nous raconte que[1] Jésus punit de mort des enfans de son âge qui se moquoient de lui, parce qu’il faisoit moins bien qu’eux des petits oiseaux d’argile ; il anime ensuite les mômes oiseaux et les fait envoler. Il rend à un homme le pouvoir de consommer son mariage, qui lui avoit été ôté par maléfice. Il rend[2] la première forme à un jeune homme qu’une magicienne avoit changé en mulet. Il allonge, en tirant par les deux bouts, un marchepied du trône d’Hérode, que Joseph avoit fait trop court. Il dessèche la main d’une femme qui veut vérifier la main de Marie. J’ai honte de rapporter tant de misères : elles étoient cependant aussi respectées dans les premiers siècles que les miracles qu’on veut nous obliger de croire ; et si les premiers chrétiens, plus raisonnables que nous, n’en eussent pas senti le ridicule, nous croirions ces extravagances aussi fermement que les prodiges rapportés dans les autres évangiles. Mais du moins les évangiles que l’on nous donne aujourd’hui pour véritables, sont-ils parvenus jusqu’à nous sans variations et sans

  1. Apocryphe, édition d’Hambourg.
  2. Le Père Calmet sur St. Mathieu.