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velle véritable ou histoire véritable. Chaque écrivain paroit sa relation de ce titre, pour s’attirer la confiance des lecteurs. Ces relations se contredisoient néanmoins en une infinité d’endroits. Les plus sages d’entre les premiers chrétiens sentirent que cette diversité de témoignages fournissoit contre eux un argument invincible ; ils s’assemblèrent[1] et choisirent entre toutes ces histoires, celles qui avoient le plus de rapport entre elles, ou se contredisoient le moins ; ils les adoptèrent et déclarèrent les autres apocryphes. On trouve dans plusieurs de ces apocryphes qui sont parvenus jusqu’à nous, des passages qui sont cités par les anciens pères, parce qu’ils étoient alors au même rang que les autres, et que leur zèle aveugle leur faisoit adopter tout ce qui avoit rapport à l’histoire de Jésus.

Quelques-uns même[2] n’ont pas fait de difficulté de s’appuyer de l’autorité des Sibylles, qui sont, de l’aveu de tout le monde, un ouvrage postérieur à Jésus, et fabriqué dans un temps d’ignorance par quelques-uns des premiers chrétiens. S. Jude[3] parle d’un combat de l’archange Michel avec le diable, pour le corps de Moïse, ce qui est tiré des apocryphes. S. Augustin et S. Epiphane rapportent le défi que Simon fit à S. Pierre, et qui ne se trouve néanmoins dans aucun des livres réputés aujourd’hui canoniques, avant qu’on eût rejeté

  1. Le Concile de Laodicée, 38.
  2. Justin, Martyrologe, Arnob, Lactance.
  3. Epit. Cath. v. 9.