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évangile, que l’auteur n’a écrit que long-temps après la mort de Jésus-Christ ; car il dit[1] que le sang innocent sera imposé aux Juifs, depuis celui d’Abel jusqu’à celui de Zacharie, fils de Barachias, qui a été tué entre le parvis et l’autel. Qu’on lise le père Calmet sur ce passage, il prouve qu’il ne peut s’appliquer à aucun Zacharie mort avant Jésus-Christ, mais à un Zacharie fils de Barachie, qui fut effectivement tué entre le parvis et l’autel, au rapport de Josephe ; et pour sauver la difficulté qui en résulte, il prétend que Jésus dit cela par esprit prophétique, et qu’il parle d’un certain Zacharie qui doit périr de la sorte. Mais s’il avoit déjà été tué réellement, que doit-on penser d’une telle réponse ? et les gens sensés ne croiront-ils pas que l’auteur de cet évangile est postérieur à la mort de Zacharie ? Nous avons déjà dit qu’il y avoit autrefois un plus grand nombre d’évangiles qui sont mis aujourd’hui au rang des apocryphes. Pourquoi ont-ils été pendant plusieurs siècles en aussi grande vénération que les autres ? et pourquoi ont-ils été rejetés dans la suite ? la morale en étoit-elle différente ? non. Voici ce qui les a fait retrancher du canon.

Après la mort de Jésus-Christ, ses sectateurs ou ses disciples, publièrent un grand nombre de relations de sa vie ou de ses miracles. Le mot d’évangile ne signifie autre chose que bonne nouvelle ; ce qui ne veut pas dire nouvelle agréable ou heureuse, mais nou-

  1. Chap. 23. v. 35.