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puisqu’ils sont remplis d’erreurs, de contradictions et de faussetés manifestes, et qu’on ne doit les mettre qu’au rang des histoires ordinaires ; encore ne les doit-on croire que lorsqu’elles nous racontent des choses vraisemblables et qui ne sont point contredites par les auteurs contemporains ; c’est là tout ce que nous accordons aux historiens les plus dignes de foi, et c’est en effet tout ce qu’on peut exiger de nous en faveur de l’historien le plus accrédité.

Voyons si les auteurs de l’évangile méritent que nous ayons cet égard pour eux, et si nous devons avoir aussi pour eux le même degré de confiance que nous avons pour Tite-Live, Tacite, César, et d’autres auteurs contemporains.

Nous avons quatre histoires de la vie de Jésus-Christ , attribuées à quatre différens écrivains dont elles portent le nom. Mais si l’on examine la chose avec attention, on y va trouver bien des difficultés et des incertitudes. On ignore absolument qui étoit Marc, et les gens un peu versés le regardent comme un compilateur et un abréviateur de Mathieu, dont il a le plus souvent les phrases et les expressions. On croit que Luc dont il est parlé dans les actes des apôtres, est auteur de l’évangile qui porte son nom, mais on n’en a pas la moindre preuve. Une partie des chrétiens du premier siècle ont soutenu que l’évangile de Jean étoit supposé. L’original de l’évangile de Mathieu n’existe plus depuis long-temps ; nous n’en avons qu’une traduction faite par Saint Jérôme, et il paroît par un passage de cet